News & Press: Apr 29 2019 | Forum Opéra
Le grave abyssal de Nicolas Testé lui permet d’habiter superbement la sombre vocalité de Sarastro, impressionnant comme une statue Assyrienne.
News & Press: Apr 27 2019
Ancien du choeur des Petits Chanteurs à la croix de bois, Nicolas Testé est devenu un baryton-basse très demandé. Il est à l’affiche de La Flûte enchantée, à l’Opéra Bastille. Portrait.
Est-ce sa carrure de rugbyman? son regard enveloppant? ou tout simplement cette voix veloutée de baryton-basse qui en fait l’un des chanteurs lyriques français les plus demandés du moment? Quand Nicolas Testé commence à parler, dans ce café pourtant animé de l’île Saint-Louis, le silence se fait. Voilà qui tombe bien : il s’apprête à interpréter pour la première fois le grand prêtre Sarastro dans La Flûte enchantée à l’Opéra Bastille. “J’ai tendance à fuir la simplicité de Mozart pour la complexité de Wagner, dit-il. Et pourtant, à répéter le rôle, je dois me rendre à l’évidence : c’est magnifique. D’autant que j’ai un plaisir immense à retrouver Bastille, qui est comme ma deuxième maison et où les chœurs sont les meilleurs du monde.” Parole forte pour cet habitué du Metropolitan de New York qui sera bientôt Arkel (dans Pelléas et Mélisande) à la Scala de Milan.
A 10 ans, j’ai intégré le pensionnat, voyagé dans le monde entier. Ça a été une école de la vie incroyable.
Et à 49 ans, il en a vu du pays, Nicolas Testé, depuis son enfance itinérante de Petit Chanteur à la croix de bois. “Mes parents n’étaient pas du tout musiciens, raconte-t-il. Nous vivions à Paris, ma mère calculait les retraites et mon père enchaînait les boulots, notamment chauffeur de ministre. Ma mère m’a inscrit à une audition pour les Petits Chanteurs, parce que je chantais juste. A 10 ans, j’ai intégré le pensionnat, voyagé dans le monde entier. Ça a été une école de la vie incroyable.”
Voici le garçon à la voix claire soliste en concert devant des salles immenses au Japon, nouant des amitiés fraternelles qui durent toujours. “Le week-end dernier, on a fait une réunion d’anciens. Certains sont devenus médecins, d’autres ont fait de l’opéra, chacun a eu son parcours mais le souvenir de ces belles années nous unit.”
A 15 ans, c’est la mue, moment difficile qui marque la fin de l’aventure pour beaucoup de Petits Chanteurs. Lui n’a pas abandonné le chant : “Le directeur artistique des Petits Chanteurs était un ancien ténor de l’Opéra et il m’a encouragé à entrer au centre de formation de Bastille. Kurt Moll [légendaire basse allemande] m’y a pris sous son aile. Mais après, j’ai erré… J’étais un peu perdu, j’avais la voix mais pas d’idée de comment l’utiliser, de quel répertoire chanter. Ce qui a changé les choses, c’est la rencontre avec ma femme.” Avec la soprano allemande Diana Damrau, Nicolas Testé forme en effet un couple en vue de la scène lyrique.
Leur première rencontre n’est pourtant pas une franche réussite : “C’était à Munich, en 2004, pour L’Apocalypse selon saint Jean. Le chef me fait signe, je reste muet! En fait, il croyait m’avoir engagé pour le narrateur alors que moi j’étais là pour le rôle du Christ. Diana m’a lancé un regard critique. Elle devait se dire ‘mais qui est ce type qui a oublié sa partition?'” Une production de Don Giovanni marque ensuite leurs retrouvailles et les débuts de leur amour. L’oeuvre s’y prête, leurs rôles moins : elle est l’aristocratique Donna Anna, il est Masetto, l’homme du peuple.
Avec ma femme, on ne cherche pas tant à chanter ensemble qu’à être dans la même ville!
Parce qu’il est baryton, Nicolas Testé chante Méphisto, Germont ou Sarastro – autrement dit les méchants, les pères ou les grands prêtres – tandis que Diana Damrau est forcément une héroïne : Marguerite, la Traviata ou la Reine de la nuit. Qu’importe : “On ne cherche pas tant à chanter ensemble qu’à être dans la même ville!” Munis de tablettes numériques pour faire leurs devoirs, leurs deux garçons de 9 et 6 ans les suivent partout, quand ils ne se détendent pas dans leur maison du Sud-Ouest.
Sur scène, le bonheur surgit aussi : “Ça m’arrive de plus en plus souvent maintenant que je comprends mieux ma voix et ce que j’en fais. J’éprouve un vrai plaisir, le public le ressent.” Un plaisir à partager sur la scène de Bastille, à partir du 27 avril.
La Flûte enchantée, Opéra Bastille (Paris 12e). Du 27 avril au 15 juin. Direction musicale : Henrik Nánási. Mise en scène : Robert Carsen.
News: Jun 08 2019
This summer, Nicolas Testé reprises the role of Claudius in Berlin, for three concert performances on June 24, 27 and 29. This time, he’s joined by Florian Sempey in the title role, Diana Damrau as Ophélie and Ève-Maud Hubeaux as Gertrude, with conductor Yves Abel on the podium.
Hamlet is not just William Shakespeare’s arguably most layered and philosophical tragedy but also known as a play in which all the protagonists end up dead onstage. That Hamlet can also be adapted successfully as an opera with a happy ending and without the great “To be or not to be” soliloquy was demonstrated by Ambroise Thomas and his two librettists, Michel Carré and Jules Barbier. Their Hamlet is the most successful adaptation of the material to date as well as being one of the most significant French operas of the 1860s. Like the masterpieces turned out by Charles Gounod, it was written in a period of operatic upheaval when a new genre, the “drame lyrique”, was being distilled from elements of the establishmentarian grand opéra and the lighter opéra comique. The new form was through-composed and complex in its musical language but more intimate and lyrical in tone and more strongly focused on the fates of its individual characters. And Thomas’s Hamlet is both of these: at once riveting as a musical drama and, in the musical portrayal of the key roles, poetically nuanced in its probing of emotional detail.